À la une

Spécial Covid19

3 questions à ... Pierre Niergue, co-gérant de l'agence Wonderful


 Pascal Hebrard et Pierre Niergue, gérants de l'agence de communication Wonderful  

Comment vous êtes-vous organisé pour travailler en période de confinement ?'

Le week-end précédant l’annonce du président Macron, nous avons informé nos salarié·es de l’instauration du télétravail pour toute l’agence. Le lundi, les créatif·ves et les technicien·nes «web » ont récupéré leurs ordinateurs pour les installer chez eux·elles. Nous avons aussi pris des mesures de chômage partiel pour 15 personnes (sur 35 salarié·es), mais nous attendons encore un accord de la Dirrecte... Chez Wonderful, nous sommes habitué·es au travail à distance avec notre antenne à Toulouse ; nous utilisons la plateforme collaborative Slack au quotidien. Mais nous ne nous attendions pas à l’augmentation drastique des tarifs de notre prestataire de visioconférence en pleine crise, qui nous a amenés à découvrir Whereby... La situation est plus compliquée pour cinq de nos collaboratrices qui ont des enfants en bas âge. Impossible de travailler sur de la stratégie de communication en étant nounou à plein temps, surtout quand vous vous inquiétez pour votre compagnon qui appartient au corps médical (c’est le cas pour deux d’entre elles) !

Quel impact cette crise a-t-elle sur votre activité et sur les relations avec vos clients ?'

Nous avons bouleversé nos habitudes de travail en nommant un·e collaborateur·ice leader par dossier tout en favorisant, pour chaque client·e, les interactions et le partage. Je pense que cette organisation va en partie perdurer. De la même façon, je suis désormais plus ouvert au télétravail, et je ne verrais pas d’inconvénient à embaucher une personne qui vivrait à Paris et viendrait à Montpellier deux fois par mois par exemple… Certains de nos clients ont dû interrompre leur activité. C’est le cas des entreprises du tourisme (le Seaquarium par exemple) ou de la restauration. Nous avons donc décidé de consacrer nos séances « Shaker » de créativité aux solutions à leur proposer. C’est ainsi que nous avons eu l’idée de la plateforme Solidarité Occitanie Alimentation : nous l’avons présentée à la direction de la communication de la Région qui a tout de suite adhéré. Aujourd’hui 3400 producteur·ices et petit·es commerçant·es sont inscrit·es, la plateforme comptabilise 410 000 connexions et d’autres régions s’en inspirent. Il faut être force de proposition pour nos client·es, les aider maintenant !

Comment voyez-vous l’avenir pour les agences de communication ?'

Nous sommes inquiet·es, tou·tes. Comment ne pas l’être quand vous n’avez aucune visibilité sur la reprise de l’activité ? Les mesures gouvernementales et régionales vont aider les entreprises à court terme, c’est positif, mais ce qui m’importe ce sont les 20 ou 25% de chiffre d’affaires que je dois renouveler chaque année : comment faire, à la rentrée, pour démarcher des prospects qui auront peut-être d’autres priorités ? Et qui nous garantit que les appels d’offre n’iront pas aux moins disant ? Je tiens à souligner cependant la solidarité dont font preuve les agences. Notre syndicat professionnel UCC Grand Sud multiplie les démarches auprès des institutions, des partenaires sociaux et a même créé un groupe WhatsApp d’entraide. Nous n’avons jamais été aussi nombreux à nous parler ! Nous nous sommes rapprochés des syndicats UCC Grand Est et AACC pour refuser les abus et rappeler qu’il est impossible de travailler sans être payé. Les agences ne sont pas toutes dans la même situation ; les mieux organisées et les plus structurées sont sans doute mieux à même de résister !

Propos recueillis par Karine Baudoin pour le Club de la presse Occitanie

À lire aussi