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Pourquoi les politiques ont-ils peur des journalistes ?

Tout comme le Club de la presse de Bretagne, nous avons décidé nous aussi de faire un petit sondage sur la sale habitude du gouvernement de prévoir un « pool » lors des visites officielles, des voyages ou des grands événements. Cela nous semblait d’autant plus important en cette semaine de liberté de la presse.

Depuis tout temps, le pouvoir politique tente de diviser les médias, en privilégiant certains, en mettant d’autres au banc, pour ne pas dire au piquet en réaction à un article qui n’a pas plu, à un sujet décrié… Parlons aussi de la « ségrégation » parisien·nes / provinciaux·ales, petits/grands médias etc. 

Bref, ce n’est pas en tenant les journalistes loin derrière des barrières lors de la sortie des conseils des ministres, ni en déclarant « qu’aujourd’hui les journalistes ne cherchent plus la vérité » que l’on va donner l’impression à la profession que le travail des journalistes, le droit d’informer représentent un pilier de la démocratie, un contre-pouvoir.

Les violences augmentent contre les journalistes sur les meetings politiques, lors des manifestations… mais que dire du dédain et du mépris affichés lors de ces fameuses visites. 
Le gouvernement se sert de la crise sanitaire comme prétexte pour trier, sélectionner quel média est important, quel journaliste sera invité. Si une grande chaine de tv est présente, elle sera toujours prioritaire.

Comme toujours le Club de la presse tient à faire son travail et à dénoncer les problématiques. Nous ne pouvons pas tolérer sans rien dire que la Gazette de Nîmes soit exclue de la visite de Jean Castex sur son territoire, que La Marseillaise Hebdo Occitanie n’ait pas été autorisée à déposer une demande d’accréditation, que le correspondant de l’AFP dans le Gers se voit refuser l’accès au président car trop de journalistes…et essentiellement des journalistes nationaux.

Pourquoi les politiques ont-ils peur des journalistes ?

La France ne se limite pas à l’Ile-de-France, les journalistes ne se tiennent pas en laisse… Que craignent donc tant les politiques qui empêchent les journalistes d’accéder à ces déplacements qu’ils annoncent par ailleurs ? En agissant ainsi ils tentent de transformer les journalistes en chargé·es de communication des ministères.

Nous avons jugé important de vous partager les témoignages des rédactions qui ont répondu à notre petite enquête…

Céline Cammarata
Présidente du Club de la presse Occitanie

« «Officiellement» il n'y avait aucune période prévu avec la presse... on l'a quand même obtenu sur place et qu'un pool a été constitué au préalable avec évidemment les médias parisiens en priorité. »
Nicolas, Ràdio Lengadòc

« Au mois de septembre lors de la visite du Président Macron à Condom aux « Journées Patrimoine » demande d’accréditation refusée. Le nombre de journalistes accrédités a été limité en raison de l’épidémie de Covid 19. Les journalistes ayant eu une accréditation étaient surtout nationaux.»
Philippe Ladevèze, correspondant AFP Gers 

- Lors de la venue d’Emmanuel Macron à Montpellier - « Le service presse de l’Elysée nous a répondu que nous ne pourrions pas couvrir l'événement car ils avaient uniquement accrédité 1 journaliste et 1 preneur de son pour suivre Emmanuel Macron lors de cette visite de terrain à Montpellier.
Si nous souhaitions diffuser quelque chose, il faudrait donc passer par eux pour récupérer du son ou des images. »
Mélanie Charpentier, Radio Clapas 

« Plus ca va, et moins on a la possibilité de faire notre métier. Même les assemblées plénières on n’ y a plus accès »
Denys Bedarride, Ecomnews

« La Gazette de Nîmes a été exclue de la couverture de Jean Castex à Nîmes lors de sa venue dans le cadre de la rénovation urbaine. Motif : limitation du nombre de journalistes en temps de Covid. Mais TF1 est venue à trois et pas une image n’a été diffusée… »
François Wiart, La Gazette de Nîmes 

Lors des venues de Jean Castex à Nîmes puis d'Emmanuel Macron à Montpellier, La Marseillaise a été dans l'impossibilité de s'accréditer pour suivre ces événements au plus près (…) Il s'agit d'une atteinte à la liberté de la presse, à la liberté d’informer (…) Ce n'est pas au pouvoir politique de décider quels journalistes sont autorisés à pouvoir travailler correctement et lesquels sont cantonnés à mendier je ne sais quelle image ou écrit recueillis par d'autres. Nous ne sommes pas des communicants, nous sommes des journalistes. Va-t-on bientôt nous dire ce qu'on doit écrire dans nos colonnes ?
Rémy Cougnenc, La Marseillaise Hebdo Occitanie

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