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Profils RP : enquête sur des professionnel·les très discret·es

On connaît bien les journalistes grâce aux études régulières menées sur la profession. Mais quid des professionnel·les des RP ? Le Club de la Presse Occitanie a interrogé ses adhérent·es sur leur formation et leur parcours.

Dans l’univers de la communication, parfois perçu à tort ou à raison comme « strass et paillettes (1) », les experts de la relation médias s’assimileraient-ils·elles à des « héros très discrets » pour citer Jacques Audiard (2) ? Voici la synthèse de l’enquête adressée en ce début d’année à la centaine de communicant·es pratiquant les RP que compte le Club de la Presse Occitanie. Les répondant·es, aux ¾ des femmes, ont un âge moyen de 43 ans ; plus de 70 %, font état d’une expérience professionnelle supérieure à 10 ans. 

« Dis, comment en es-tu arrivé·e là ? »

C’est généralement au terme d’un cursus d’études de 4 ou 5 ans que les professionnel·les des RP membres de notre échantillon ont débuté leur carrière. À plus de 80 %, leur diplôme est au moins un Master, voire un Master 2 pour un tiers de l’effectif. Leurs lieux d’études se concentrent essentiellement dans trois villes : Toulouse (36 %), Paris (25 %) et Montpellier (12 %). Sept autres centres académiques les ont accueilli·es : dans le Sud (Aix et Bordeaux), dans l’Ouest (Caen, Tours, Angers) et en Rhône-Alpes (Lyon, Grenoble). Au-delà des frontières, ce n’est pas l’Espagne qui pousse un peu sa corne, mais l’Italie qui a ouvert sa botte, à Milan plus précisément.

« Était-ce donc une vocation ? »

Oui et non. Une grosse moitié de l’effectif est bien titulaire d’un diplôme en communication (53 %). Mais seulement 10 % ont suivi une formation spécialisée dans les relations presse. Pour le reste, nombreux sont les chemins qui mènent aux RP, notamment les cursus Sciences Po (15 %) et les écoles de commerce (12 %). On trouve encore dans ces parcours formateurs des écoles de journalisme ainsi que des études de lettres, langues ou histoire… Des profils que l’on peut donc aisément qualifier de « littéraires » : pas l’ombre d’un ingénieur pour pointer le bout d’une équation dans ce panel.

« Et comment t’appelle-t-on, au fait ? »

Pour contre-paraphraser Camus, « Bien nommer les choses, c’est ajouter au bonheur du monde… ». C’est donc avec bonheur que 40% de nos professionnel·les se présentent avant tout comme « attaché·e de presse ». L’appellation traditionnelle fait ainsi de la résistance face aux modernes assauts des « consultant·e RP » ou « consultant·e relations médias », revendiquées par un petit quart de l’effectif. D’autres encore préfèrent le terme de « conseil », dans ses multiples désinences : RP et médias, mais aussi stratégie, relations publiques (ou publics), influence ou encore contenus. Sur la ligne d’arrivée, « Attaché de presse » l’emporte d’une courte tête sur « Consultant·e/Conseil ». Certains toutefois, en fonction de leurs interlocuteurs, recourent à l’une ou l’autre des désignations. En un mot, selon la maxime du regretté Jean-Pierre Bacri dans le Sens de la fête : « On s’adapte ! ».

« Et sinon, tu fais quoi dans la vie ? Vraiment que des RP ? »

Les RP, c’est un métier, un vrai. Les trois quarts de l’effectif interrogé est constitué de « pure players » qui s’y consacrent à 100 %, ou pour le moins à 80 % de leur activité. Les autres l’intègrent à leur offre de prestations (conseil, production audiovisuelle, communication promotionnelle).

L’exercice en tant qu’indépendant est le plus fréquent : 25 % pratiquent les RP à leur propre compte, sans avoir œuvré dans un autre contexte professionnel. Pour près d’un sur cinq, c’est le travail en agence qui prévaut, de manière exclusive. L’emploi chez l’annonceur concerne moins de 10 % du panel. Toutefois, les parcours multiples sont nombreux : près de 20 % ont cumulé les trois expériences au cours de leur carrière. Ils sont plus encore à avoir expérimenté deux types de postes, la trajectoire vers l’entreprenariat étant la plus représentée, postérieure à une activité en agence ou entreprise. En tête des autres métiers qu’ont pu exercer les membres de la « dream team RP » d’Occitanie, le journalisme et la communication dans d’autres spécialités. On trouve aussi des enseignants, chefs d’entreprise ou expert·es en RH.   

C’est aussi cela le secret de fabrication des RP : la diversité des horizons et la richesse des parcours. Mais n’en disons pas plus, car dans cette grande famille du faire savoir, on aime la discrétion.

 

1) La réalité, ne le cachons pas aux futures générations de communicants, correspond souvent plus à « stress et pirouettes ».

2) Le « héros » dudit film étant un mythomane qui travestissait la réalité et magnifiait son parcours de prétendu résistant, il n’est besoin de préciser qu’aucun communicant ne saurait en aucune façon s’y reconnaître…

 

Luc Sennour

lucsennour@lscommunication.fr

 

 

Témoignage de Lola Garnier

Lola Garnier est étudiante en M2 Communication à Science Po Toulouse. Elle réalise son alternance en tant que consultante junior en relations publiques au sein de l’agence Attila. Passionnée par le sujet des relations presse, elle prépare un mémoire de fin d’études sur les frontières de plus en plus poreuses entre journalistes et communicants.

« Le master 2 Communication de Science Po Toulouse est le seul master de l’école à proposer de l’alternance et c’est une des choses qui m’ont séduite dans cette formation. Nous bénéficions d’interventions d’expert·es de la communication et nous pouvons nous frotter concrètement aux métiers de la com.

J’ai intégré il y a quelques mois l’agence toulousaine Attila. J’ai l’opportunité de toucher à tous les aspects du métier. J’aime le côté un peu « Sherlock Holmes » : réussir à identifier et dénicher les journalistes pertinents en fonction des sujets, éplucher la presse papier et parcourir les sites médias, être en veille sur l’actualité pour pouvoir placer des sujets stratégiques… J’apprécie aussi la dimension relationnelle avec les journalistes. J’essaye de me mettre à leur place, de comprendre leurs attentes, leurs besoins tout en respectant leur travail et leur indépendance.

J’ai tout de même le sentiment que l’on se bat parfois pour rendre leur légitimité aux RP. Certains font l’amalgame avec de la « publicité », mais c’est loin d’être la réalité. Nous avons une vraie valeur ajoutée en tant qu’intermédiaire : d’une part, nous faisons de la pédagogie auprès de nos clients pour qu’ils aient conscience des attentes des journalistes, et d’autre part, nous faisons en sorte de délivrer une information qualitative auprès des médias. La partie la plus « difficile » du job est assurément celle des relances téléphoniques auprès des journalistes. »

 

Témoignage relevé par Fanny Bessière

bessiere.fanny@gmail.com

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