Le Synap vient de créer un groupe de travail pour communiquer sur le métier d’attaché·e de presse et la déontologie des RP. Pour quelles raisons ?

Notre métier est mal connu ; nous devons lutter contre de nombreuses idées reçues de la part de nos clients mais aussi parfois de certain·es journalistes. Alors que le métier d’attaché·e de presse est régi par un arrêté et par une charte éthique très précise. Nous sommes la courroie de transmission entre une organisation ou une personne (entreprise, institution, ONG, artistes..) et les journalistes (selon la stratégie retenue, les influenceurs aussi), eux-mêmes transmetteurs auprès des publics qui les lisent ou les écoutent. C’est donc un métier exigeant avec des savoir-faire et des savoir-être, basé sur la confiance réciproque et la sincérité. Hélas, cette confiance est parfois mise à mal par des confrères ou consœurs sans scrupule qui font de fausses promesses commerciales ou qui s’engagent sur des résultats ; d’autres harcèlent les journalistes par manque de professionnalisme…

Nous souhaitons rappeler les grands principes de notre métier, en particulier l’obligation de moyens, la probité intellectuelle, la loyauté, la connaissance des médias et le respect du métier de journaliste.

Le Synap débute l’année avec un nouveau logo, mais aussi une nouvelle baseline. Pourquoi parler de « relations médias » et non plus de « relations presse » ?

Depuis 10 ans, le Synap a souhaité élargir sa dénomination de relations presse à relations médias car l’écosystème des médias s’est profondément modifié. De nouveaux acteurs sont apparus, notamment avec les médias sociaux. Ne pas les prendre en compte est une erreur stratégique car les pratiques de lecture et de consommation ont changé elles aussi.

Quant à la notion de consultant·e, elle coule de source. Nous exerçons un métier qui reste obscur pour beaucoup et «éclairer» nos client·es sur les pratiques fait partie intégrante du métier de consultant·e. Notre job, c’est aussi la pédagogie et la transmission.

Les jeunes générations délaissent les médias d’information au profit des réseaux sociaux ? Comment les intéresser au métier des RP ?

Hélas, trop d’écoles de communication caressent les jeunes dans le sens du poil. L’enseignement des RP se réduit au bénéfice de l’influence. Pourtant travailler avec les médias d’information n’exclut absolument pas de travailler avec les réseaux sociaux. Bien au contraire ! Les deux sont parfaitement complémentaires et connaître leurs spécificités, leurs attentes divergentes est indispensable pour bâtir une stratégie ou contenir une crise communicationnelle.

Alors que nos métiers ont de gros besoin de recrutements, nous ne sommes pas audibles ! Cette difficulté vient aussi des client·es qui ont tendance à penser que la communication sur les réseaux sociaux est le nouvel Eldorado, le sésame de la réussite.

Comment vois-tu l’évolution des relations médias ?

Je suis optimiste car le curseur des métiers de la communication est en train de bouger très vite. Hier la publicité était la reine de la ruche communication ; aujourd’hui c’est la communication d’influence qui est sur le podium. Quel que soit le vocable « à la mode », « tendance », et les acteurs qui veulent s’immiscer dans le marché avec plus ou moins de légitimité, j’affirme que nous avons des atouts majeurs : nous savons produire des contenus complexes, nous sommes des créateurs de sens ; nous savons aussi créer du lien entre des personnes qui ont besoin de travailler ensemble.

L’adaptation enfin est dans notre ADN puisque nous devons en permanence permettre la circulation de l’information entre un·e client·e et un média, garantir un échange serein entre eux. Nous avons toute latitude d’être le véhicule d’une information responsable de par nos certifications et la déontologie de notre métier.

Quel rôle peut et doit jouer un syndicat comme le Synap ?

Défendre et promouvoir nos métiers, c’est la mission du Synap, depuis sa création il y a plus de 60 ans déjà. Avec le conseil d’administration, nous mettons l’accent sur la solidarité, qui nous est apparue tellement essentielle durant la crise sanitaire, sur le soutien opérationnel à nos adhérent·es et sur l’innovation.

Nous nous intéressons aux nouvelles problématiques soulevées par l’évolution législative : nous avons récemment participé, avec le SCRP, au débat soulevé par le projet de loi sur les influenceurs. Toujours en coordination avec le syndicat des relations publics, nous élaborons des outils pour les professionnel·les : référentiels de la mesure des RP et de l’influence, ou encore chantier en cours sur la gestion des données et des relations journalistes, nouvelle plateforme que des attaché·es de presse sont en train de tester. Nos Cafés Synap nous permettent d’échanger avec des journalistes et des éditeurs de presse ; nos ateliers métier sont consacrés aux bonnes pratiques, aux innovations… Le collectif est une des voies vers le progrès !

Karine Baudoin

contact@karinebaudoin.com

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